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The Silent Words
18 juillet 2013

Prologue

On pense toujours que ce genre de chose n’arrive qu’aux autres. Que ce sont pour les autres ce genre de merdes qui nous tombent dessus sans prévenir. J’étais une de ses personnes qui pensaient cela. Jusqu’à ce que ça me tombe dessus, sans crier gare. Dans des moments pareils, où la peur prend le dessus, où elle vous glace le sang jusqu’à la moelle, où tout autour de vous n’est que danger, l’instinct de survie est là. Il est bien présent, tapi au fond de vos tripes, prêt à surgir a moment opportun. Vous tentez absolument tout pour grappiller quelques secondes de vie en plus, quelques souffles  à voler à la mort, quelques battements de cœur, jusqu’à ce que la lumière s’éteigne pour toujours.

J’étais là, agenouillé sur le macadam devant la masse informe allongée et désarticulée, vidée de toute vie. Les mains tremblantes et souillées de sang, ce liquide visqueux et rougeâtre qui maculait la pièce de long en large et en travers. Même dans les ténèbres de la pièce, je pouvais le voir, imaginer chaque tâche, chaque goutte de sang qui avait fusé sur les murs. J’entendais encore les hurlements déchirant, les craquements sonores des os qui se brisaient sous l’étau de forces cruelles et sadiques. Chaque regard empli de désespoir, d’appel à l’aide était marqué au fer rouge dans ma mémoire et me hanterait pour le restant de mes jours.

Quel numéro portait le cadavre que je déchiquetais petit à petit ? J’avais arrêté de compter à partir du moment où cela était devenu une habitude, une routine, où l’horreur de la chose ne m’atteignait même plus. Une main posée sur le torse de la victime, l’autre tenant le couteau de boucher et moi en train d’extirper les différents organes putrides. J’effectuais mon dur labeur, la sueur coulant ardemment sur mon front et entachant le corps sans vie, se mêlant au liquide visqueux formant une flaque autour de la dépouille et imprégnant mes vêtements.

James n’allait pas tarder, il fallait faire vite, il fallait que tout soit prêt à son retour. Il fallait que lorsqu’il descendrait les marches, lorsque le bois craquerait sous ses pas lourds, tout soit préparé comme il le souhaitait, comme il m’avait appris à faire depuis de nombreuses semaines. Le geste devenu sur, je retirai enfin l’organe vital que je devais à tout prix conserver. Précautionneusement, je le pris entre mes doigts glissant et le déposais délicatement dans la glacière avant de refermer le couvercle d’un coup sec.

J’entendis la porte d’entrée claquer à l’étage et sus qu’il était rentré du travail, arasé par sa journée. Une série de frissons incontrôlables parcourut mon corps, se faufilant entre mes côtes, remontant le long de ma colonne vertébrale.  Le véritable cauchemar pouvait à nouveau recommencer maintenant.

 

 

 

Je suis un survivant. Un survivant de la cruauté de l’humanité, du paroxysme du mal, de la violence humaine à l’état pur. Je sais parfaitement que je ne ressortirai pas indemne de cette expérience. La vie ne tient qu’à un fil, on ferait n’importe quoi pour la préserver encore un peu. Confronté à la mort, l’avoir en face de soi, nous fait réaliser tout ce qu’on a raté dans sa minable vie, tout ce qu’on aurait fait ou pu faire, tout ce que l’on regrette. En un instant on voit défiler devant ses yeux toutes les erreurs du passé, tous les évènements qu’on a loupé et tout ce qu’on n’a pas pris le temps d’accomplir.

 

INSANE.

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